Histoire d’une photo

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Qui a dit que des vacances à la neige ne pouvaient pas être des vacances culturelles ? Personne je crois. Ce n’est pas grave. Toujours est-il que cet hivers, dans la station de départ du téléphérique de la cime Caron, j’ai été touché. En tant que photographe (on l’est tous un peu n’est-ce pas ?) je manque régulièrement d’inspiration quand il s’agit de faire une photo qui rende compte d’un panorama époustouflant. La parade, c’est d’ouvrir les yeux et de se questionner. Dans une station de ski, les cartes postales et les livres photos ne manquent pas dans les boutiques. Il suffit alors de se diriger vers les photos qui nous émerveillent et de se questionner pour identifier ce qui est à l’origine de ce « wouah ». À quelle heure de la journée cette photo a-t-elle été prise, où était situé le photographe, quel cadrage a-t-il choisi, comment a-t-il rendu la profondeur / l’étendue du paysage, etc. ? Bref, se questionner sert à s’imprégner des règles de composition propres à la photographie et à penser à les appliquer le moment venu. Et puis des fois, le hasard vous offre des options carrément plus faciles à suivre !

Revenons dans la station de départ du téléphérique. Nous attendons notre tour dans le colimaçon. Personne n’a pu manquer l’imposante photo panoramique qui recouvre un des murs de la station. C’est un avant goût de la vue qui nous attend là-haut. C’est une photo magnifique, et le fait qu’elle soit imprimée en grand ajoute à la majesté du paysage représenté. Comme j’ai vingt minutes à perdre, je me lance dans mon questionnement. Où s’est placé le photographe ? Facile, sur la plateforme avec la table d’orientation. Comment a-t-il cadré ? Il a cadré la station d’arrivée du téléphérique et a poursuivi le panoramique vers la gauche…

Une fois arrivé en haut, je prend position sur la plateforme et je m’aperçois qu’il y a quelques petits problèmes : le soleil est haut et il y a trop de lumière sur la neige et pas assez d’ombres pour découper le relief ; il y a plein de monde (ce qui n’est pas un problème en soi), sauf que la plateforme avec la table d’orientation attire tout les skieurs et ils bouchent la vue ; à cause d’eux, je suis obligé de renoncer à l’idée d’avoir la cabine du téléphérique dans le champ ; je n’ai pas de trépied sous la main.

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En jonglant entre les badaux, je prends tout de même la photo (enfin les photos, c’est tout le problème) et ça donne ce que vous pouvez admirer ci-contre. Je suis frustré car je sais avant même de la monter que ça ne rendra pas génial. Je formule à haute voix ce que je vais devoir faire : revenir ici avec la dernière cabine, attendre que tout le monde redescende, et attendre 17h que le soleil soit bas. Je devrai ensuite redescendre à la station alors que toutes les remontées seront fermées. J’ai identifié un itinéraire pas trop mal que ne comprend qu’un dénivelé d’une trentaine de mètres à remonter à pieds, mais qui démarre par une piste noire particulièrement bosselée cette année et qui aura certainement commencé à geler. Élodie est motivée pour venir le faire avec moi.

Après une bonne pause de midi, nous fonçons donc vers le téléphérique et nous embarquons dans l’avant dernière cabine. À l’arrivée, nous prenons place près de la table d’orientation et nous commençons à attendre que le bon moment arrive. On annonce le dernier aller-retour du téléphérique et nous voyons tout le personnel du restaurant d’altitude redescendre. Un groupe de pisteur nous demande comment nous avons l’intention de rentrer et nous lui expliquons le plan. Ils nous laissent. J’ai envie d’attendre que le soleil descende encore plus bas mais je suis anxieux à l’idée de rater notre coup et de passer la nuit à érer sur les pistes. Du coup je prends les photos sans attendre 17h (celle du début du billet). Alors que nous pensions être seuls, un autre groupe de pisteurs nous interpelle pour savoir ce que nous faisons encore là. On leur explique que nous prenions une photo et que nous nous apprêtons à redescendre. L’un d’eux attend que nous remballions nos affaire tandis que les autres partent. On lui explique que nous savons où nous devons aller et que ce n’est pas la peine qu’il nous attende, mais en fait, il doit fermer les pistes qui descendent de la cime Caron et il n’a pas le droit de laisser des gens derrière lui. Du coup on presse un peu le pas pour ne pas allonger inutilement sa journée de travail. Grâce à cela, on ne rate pas la fermeture du téléski des plateaux et cela nous épargne les trente mètres de marche. On peut maintenant descendre tranquillement vers la station, en compagnie de pisteurs supplémentaires qui ferment les pistes derrière notre passage. On s’arrête tout de même pour nous prendre en photo à côté d’un ours, puis on arrive en bas de la station.

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Il y a un monde fou qui attend d’embarquer sur le tapis roulant qui remonte au milieu de la station et nous décidons de déchausser les ski et de les accrocher à nos sacs à dos façon randonneur. Nous remontons à pieds sous les yeux médusés des autres skieurs qui ont choisi la même option que nous mais qui n’ont pas eu l’idée d’accrocher les skis sur leurs sacs à dos (pour ceux qui en avaient). Nous faisons des émules. Nous arrivons à l’appartement pile à l’heure où j’espérais prendre les photos.

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