0,8 V dans l’oignon

De temps en temps, au labo, il nous arrive de craquer. Le plus souvent on se retrouve à danser le sirtaki ou à faire des étirements par terre, mais aujourd’hui nous avons fait une petite expérience chimique. Tout est partie de cette vidéo : comment recharger un lecteur mp3 avec un oignon et du soda énergisant.

Bien entendu, pour les scientifiques que nous sommes, il a été difficile de croire que cette chose puisse réellement fonctionner. Nous n’avons d’ailleurs pas manqué de constater que nous ne voyons pas l’intégralité du câble d’alimentation, signifiant qu’il peut y en avoir deux… Je signale aussi le commentaire parfaitement risible de l’auteur de la vidéo lorsqu’il « branche » le câble et attends que le balladeur démarre :

Laissez quelques secondes au courant pour qu’il arrive jusqu’à l’ipod.

Il y a aussi la façon dont le câble USB est branché dans l’oignon… D’un autre côté, ils faisaient bien fonctionner des radios avec des pommes de terre pendant la guerre, alors le doute plane et nous avons décidé d’essayer. Rassurez-vous, nous n’avons pas eu à ruiner un câble USB pour ça, juste utiliser un multimètre.


au laboau labo

C’est ainsi que Paméla, Laurent et moi-même avons réuni les ingrédients nécessaires à la manipulation : un oignon français de catégorie 1 et de calibre 50/70, ainsi que la fameuse boisson du taureau rouge (pour ne pas faire de publicité). Laurent perce deux trous dans l’oignon et nous l’immergeons dans la boisson une bonne trentaine de minutes. Premier constat : beaucoup moins de boisson que dans la vidéo est absorbée. À vrai dire, le changement de niveau est à peine perceptible à l’œil nu, et l’oignon ne semble pas plus imbibé que ça. Nous continuons tout de même. Le multimètre est utilisé en tant que voltmètre et nous plantons les deux « pointes de touche » (ça va j’ai bien dit ?) dans l’oignon. Résultat : nada. Pas un pico Volt à l’horizon. Déception.

au laboau labo

Mais nous rebondissons. Pourquoi cela ne marche-t-il pas ? C’est simple. S’il doit y avoir une tension produite, c’est par une réaction chimique nommée oxydo-réduction. Or, pour que cela fonctionne, il faut deux électrodes constituées d’un matériau différent, ce qui n’est pas le cas des fiches du câble USB qui sont vraisemblablement identiques. Un petit coup d’œil sur une liste des couples oxydant-réducteurs pour sélectionner les deux plus faciles à trouver dans un labo : du cuivre et de l’étain. Laurent nous fabrique des jolies tresses pour que ce soit plus facile de les planter dans l’oignon et hop ! Nous revoilà avec notre voltmètre. Cette fois-ci le résultat est bien plus intéressant : presque 0,4 V. Pratiquement ce que la théorie prédit (0,5 V).

au laboau labo

Allons plus loin : découpons l’oignon en quatre et branchons le tout en série. Miracle : 0,8 V. Bon ce n’est toujours pas suffisant pour alimenter quoi que ce soit, mais c’est un début 🙂

Message spécial pour Daphnée et Ièna : la conclusion de ce test est que planter le câble USB d’un ipod dans un oignon imbibé de boisson énergisante ne rechargera rien du tout. Donc ce n’est pas la peine de poster un commentaire pour prétendre que j’affirme le contraire lol. (Pardonnez moi, mais je sens que vous allez rejoindre Mike Angel dans mes personnages récurrents. Ça me fait penser que ça fait longtemps que je ne suis pas allé voir ce qu’il a fait de neuf. Déjà qu’on ne l’a pas vu chez Dechavanne l’autre soir…)

10 réponses à “0,8 V dans l’oignon”

  • Bobonne:

    La tension « aux bornes » de votre oignon c’est bien beau mais le plus important pour faire fonctionner un lecteur MP3 est l’intensité que l’oignon peut débiter au traers de la résistance de charge de la batterie du lecteur MP3 !!!

    Tu ne veux pas faire de la pub pour la boisson « Red Bull » mais tu en fais pour « l’Ipod », c’est un parti pris ?

  • Yobe:

    Oui c’est vrai. Mais avec une tension si faible et en supposant que l’oignon ait de quoi débiter ce qui est nécessaire, il faudrait que la résistance de charge soit vraiment basse pour que ça marche non ?

    Pour la petite histoire, nous voulions mettre la chose en charge pour voir mais les résistances étaient à l’étage en dessous, dans un local dont il fallait trouver la clé, et nous étions un peu paresseux…

    Pour la pub ce n’est pas du parti pris, c’est du relâchement en fin de rédaction :o. Au début je dis balladeur mp3. Je te remercie d’avoir réparé cette injustice envers la boisson 🙂

  • Laurent:

    Un bien beau délire… On devrait faire ça plus souvent. Il est vrai que mesurer le courant débité aurait pu être amusant, mais vu la tête que Jean-Philippe a fait lorsqu’on lui a expliqué le but de la manip, je ne pense pas qu’il aurait approuvé le sacrifice d’une résistance…
    Un petit oubli de Yobe dans ce billet: nous avons aussi tenté de tremper les (pseudo) électrodes directement dans la boisson énergétique et là, surprise, la ddp obtenue valait environ 0.4V.
    Ce qui m’amène à poser la question: A quoi servait l’oignon ?

  • Yobe:

    C’est pour l’odeur…

  • pafpam:

    0.8V, ce n’est effectivement pas assez… J’ai quand même envie d’essayer avec une pomme de terre. Peut – être pourrais – je avoir les fameux 1V 😉 . Je pense le tenter ce week end (entre 2 parties de tarot… 😉 )
    Bon, il faudra penser à la prochaine expérience… Peut-être pourrions nous trouver une manip que Gilles pourra présenter à ses futurs L1 ? –> C’est une suggestion (au pire, en 1h, il aura le temps de présenter l’oignon au redbull !)

  • Sly:

    Et ben… Elle est belle la recherche en France…

  • Yobe:

    Quoi, on aurait dû plonger l’oignon dans de l’azote liquide plutôt ? lol

  • Tout à fait d’accord avec Sly…. pendant ce temps, il y en a qui bosse !!! lol

  • Sly:

    Alors oui, dans ce cas, avec l’azote liquide, ça prend de l’intérêt… :o)

  • J B:

    Autre experience amusante, avec un micro-ampermetre.
    Tu tiens chacune des pointes test dans tes mains et tu pourras mesurer un courant de quelques centaines de micro amperes (400 un jour ou j’etais malade)

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