Idée de voyage

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Ce weekend, la révélation est venue de la télévision. Oui, je sais, une phrase comme ça a tendance à faire peur. Mais rassurez-vous, il s’agissait d’un documentaire sur Arte, et puis en fait ce n’était pas vraiment une révélation non plus. Disons que jusqu’à il y a trois ans, je me disais que jamais de ma vie je ne mettrai les pieds à Uluru. Maintenant que j’y suis allé, j’avoue ne plus avoir d’objectif de voyage de ce genre. Ne me méprenez pas, il y a encore quinze mille endroits où j’ai envie d’aller, mais rien qui me paraisse beaucoup plus inaccessible qu’une montagne sacré perdue au beau milieu du désert australien. Jusqu’à ce weekend donc…


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Là, je m’accroche à ce documentaire sur le volcanisme éthiopien, connu pour être une zone de rift active qui donnera lieu dans plusieurs millions d’années à un nouvel océan. Un groupe de touristes éclairés (car ils sont guidés par un volcanologue et semblent prendre des notes) est au sommet du Erta-Ale, à l’apic d’une caldera singulière : un puit de cent mètres de diamètre au fond duquel on peut voir un lac de lave fraiche (enfin chaude). Je me prends à repenser à mon voyage à Hawaii et l’opportunité qu’on y avait de voir de la lave s’écouler (opportunité manquée car le jour de notre visite la lave s’écoulait à 2 jours de marche du parking). Voir de la vraie lave en fusion, ça doit être sympa quand même ! Enfin bref, nos touristes sont très impressionnés par ce lac inhabituel et ils en profitent d’autant plus qu’ils bivouaqueront sur place et qu’ils pourront donc assister au même spectacle de nuit. Le lendemain, ils redescendent dans le désert Danakil pour reprendre la route vers ce que le vulcanologue qualifie de paysage le plus exotique de la planète. Une petite pensée orgueilleuse me traverse la tête : « pff. ça m’étonnerait qu’on trouve là un paysage plus exotique que … par exemple Bryce Canyon ». C’est ainsi que je les regarde rouler sur ce qu’ils appellent la banquise de sel jusqu’à l’extrémité nord du pays. Ça a un petit quelque chose de la vallée de la mort (le désert Danakil est situé dans la dépression de l’Afar, qui descend jusque 155m sous le niveau de la mer). Bon sauf qu’ici il n’y a pas de route et qu’on roule directement sur la banquise de sel.

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Nos amis arrivent à un point d’eau. Le guide vulcanologue explique que c’est le dernier avant deux jours, le temps qu’il leur faudra pour aller jusqu’au prochain point, ce fameux paysage exotique, et en revenir. Ça fait froid dans le dos. Ils embarquent donc des tonneaux entiers d’eau sur les 4×4 et repartent. À ce moment précis, un petit brin de jalousie s’empare de moi. Effectivement c’est une région reculée et qui s’est déjà promené dans un désert sait à quel point ils sont captivants. De la lave garantie sur l’Erta-Ale, un désert plus blanc que ce que j’ai jamais vu, ok je commence à avoir envie d’y aller ! Mais le fin du fin, et là le réalisateur du documentaire m’a mis une sacré claque dans la figure, c’est lorsqu’ils arrivent à Dallol. Les images sont magnifiques, pleines de couleurs (du blanc bien-sûr, mais aussi du vert, du rouge, du jaune, de l’orangé, et j’en passe), pleines de vasques naturelles, de concrétions minérales fines comme de la dentelle, des sortes de champignons géants, mais aussi des canyons. Un paysage complètement incroyable et qui n’a effectivement rien à voir avec tout ce que j’ai déjà vu (c’est sans doute le Yellowstone africain, mais il a l’air d’être à la puissance dix). Ni une ni deux, j’allume internet pour repérer comment on peut accéder à cette zone. Et là c’est la stupeur !

Ce paysage magnifique constitue ce qui se fait de mieux en matière d’inhospitalité. Les fumeroles qui s’échappent du volcan sont très acides, au point que « l’eau » contenue dans les vasques est presque de l’acide pure avec un pH inférieur à 1. D’ailleurs, l’air ambiant est lui-même très acide (pH d’environ 2) au point qu’il faut le plus souvent se promener avec un masque à gaz. Par ailleurs, la géologie particulière du coin est très mal connue, si bien que les vulcanologues avouent ne pas vraiment savoir distinguer les zones dangereuses (genre une fine croute de sel recouvre une piscine d’acide et on marche dessus…) des zones sûres, ce d’autant plus que l’activité volcanique est riche et se déplace de centaines de mètres en une semaine. Dans le reportage, le vulcanologue montre une étendue multicolore et indique qu’il y avait un petit lac d’eau salée à cet endroit il y avait encore quelques semaines. Mais il y a bien pire. Dallol est en territoire Afar, un peuple qui s’étale de part et d’autre de la frontière entre l’Éthiopie et l’Érythrée. Ça signifie une chose : leur territoire est coupé en deux et ils ne sont pas contents. Du coup certaines zones sont minées et les occidentaux y sont souvent la cible de prises d’otages. Voilà de quoi refroidir toute envie de partir s’aventurer dans le coin, car si ça peut être amusant de se promener avec un masque à gaz, je n’ai pas vraiment envie de sauter sur une mine ou de me faire prendre en otage.

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