Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement

Je viens de recevoir, pour la seconde fois, un ouvrage qui avait particulièrement retenu mon attention la première fois que je l’ai lu. C’est un livre que je conseille à tout le monde, dès que j’en ai l’opportunité. D’ailleurs, je n’ai pas manqué de le faire la semaine dernière lorsque Gilles s’interrogeait sur les principes de la relativité générale. Sauf que mon livre avait disparu, sans doute resté sur l’étagère d’un amis de longue date. Un petit tour dans une librairie en ligne bien connue et sept jours plus tard il revenait dans ma boîte au lettres pour la modique somme de 7,50 €. Il s’agit de La relativité, par le célèbre Albert EINSTEIN (Petite Bibliothèque Payot) ni plus ni moins.

Il ne s’agit bien évidemment pas des manuscrits originaux, ceux-ci n’étant pas destinés à former un livre, ni d’un recueil de ses publications originales, loin de là. Il s’agit en fait du livre qu’il a écrit à destination de « ceux qui s’intéressent à elle (la relativité) au point de vue général, scientifique et philosophique, mais qui ne possèdent pas l’appareil mathématique de la physique théorique ». Là où je veux en venir, c’est qu’Albert (si je peux me permettre) arrive de façon extraordinairement simple, à expliquer le cheminement de pensée qui l’a conduit à élaborer la théorie de la relativité générale ; au point où à la fin de l’ouvrage, on ne peut s’empécher de lâcher un petit « punaise, s’il n’y avait pas pensé en premier, je l’aurais fait moi-même ».

couverture

Franchement, je trouve que ce livre est un exemple de vulgarisation scientifique, et j’essaye au maximum de m’inspirer de ce style d’écriture et de présentation lorsque je dois rédiger quelque chose (ma thèse par exemple), ou expliquer quelque chose (en cours par exemple). Je ne sais pas si j’y arrive tout le temps, j’espère m’en approcher au maximum.

Je vous laisse sur un extrait dans lequel l’auteur explique l’équivalence entre gravitation et accélération :

Imaginons une vaste portion d’espace […] éloignée des étoiles et d’autres masses importantes […]. Imaginons […] une immense boîte de la forme d’une chambre et qu’à son intérieur se trouve un observateur muni d’appareils. Pour cet observateur la pesanteur n’existe naturellement pas. Il doit se fixer au sol par des ficelles pour ne pas s’envoler lentement vers le plafond de la chambre au moindre choc contre le plancher.

Supposons qu’au mileu extérieur du toit de la boîte soit fixé un crochet auquel est attachée une corde qu’un être quelconque commence à tirer avec force constante. La boîte et l’observateur commencent alors à s’envoler d’un mouvement uniformément accéléré vers le « haut ».

[…]

Mais comment l’homme dans la boîte juge-t-il l’événement ? L’accélération de la boîte lui est transmise par l’intermédiaire du plancher sous forme de contre-pression. Il doit donc absorber cette pression au moyen de ses jambes, s’il ne veut pas s’étaler sur le plancher de tout son long. Il est donc debout dans la boîte exactement comme un homme dans la chambre d’une maison sur notre Terre. S’il laisse tomber un corps qu’il tenait à la main, l’accélération de la boîte n’est plus transmise à ce corps ; celui-ci se rapprochera donc du plancher de la boîte avec un mouvement relatif accéléré. L’observateur acquerra en outre la conviction que l’accélération du corps vers le plancher est toujours la même, quel que soit le corps avec lequel il fasse l’expérience.

S’appuyant donc sur ses connaissances du champ de gravitation […] l’homme de la boîte arrivera à la conclusion qu’il se trouve, ainsi que la boîte, dans un champ de gravitation constant dans le temps. À un moment donné il sera certes étonné que la boîte ne tombe pas dans ce champ de gravitation. Mais en découvrant le crochet du milieu du toit et la corde tendue qui lui est attachée, il arrive logiquement à la conclusion que la boîte est suspendue et reste immobile dans le champ de gravitation.

Avons-nous le droit de sourire et de dire que la conclusion de cet homme est erronée ? Je ne le crois pas, si nous voulons rester conséquents avec nous-même ; mais nous devons reconnaître que sa façon de concevoir les choses ne pèche ni contre la raison ni contre les lois connues de la Mécanique.

Une réponse à “Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement”

  • Djaffar:

    Il (EINSTEIN) était en avance sur son temps et sur le notre. C’est un bel ouvrage que je n’ai pas encore lu. Merci Yohann de nous l’avoir présenté.

    A+

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