Cascades glacées

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Le 23 janvier dernier (donc il y a plus d’un mois), nous avons participé à une initiation à l’escalade de cascades de glace encadrée par le club alpin français. Alors déjà, je préfère casser le mythe tout de suite : si comme moi, par cascade de glace vous comprenez chutes d’eau gelées, sachez que ce n’est pas forcément le cas (je me disais aussi : il fait assez froid dans les Vosges pour geler complètement une chute d’eau au point qu’on puisse grimper dessus ?). En l’occurrence, il s’agissait pour nous d’escalader des blocs de glaces nés du ruissellement de l’eau sur des escarpements rocheux. Mais vous verrez dans les photos que ça donne quand même de sacrés blocs glacés, suffisamment épais pour qu’on puisse planter crampons et piolets dessus sans le fracturer.

Bref, nous voilà donc cramponnés, encordés, … pioletés, … au pieds des cascades de glace de Boedele, sur le versant Est du Ballon d’Alsace (d’ailleurs peut-on parler de versant pour un ballon ?). Après s’être fait la main sur des petites voies pas très difficiles, on s’attaque à du vrai de vrai : des passages avec des stalactites gelés hauts de trois mètres voire plus, des dièdres à franchir, etc. Et là une constatation s’impose d’elle même. Pour progresser, il faut casser ! Je veux dire que si on veut grimper des trucs comme ça, alors il faut apprendre à bourriner : pour pouvoir s’appuyer sur ses pieds, il faut que les crampons soient bien plantés (et ils ne se plantent pas en caressant gentiment le bloc de glace de la pointe du pied), et si on veut pouvoir se tenir correctement avec les piolets, il faut là aussi les enfoncer un minimum dans la paroi (pas trop non plus sinon on passe 5 minutes à les déplanter et pas toujours dans des positions confortables). Bref, quelqu’un qui escalade une cascade de glace n’a pas du tout une allure fluide et silencieuse. Il faut plutôt s’imaginer quelqu’un qui progresse à grands coups de pieds et de piolets, le tout avec des morceaux de glace qui tombent bien évidemment. Oui parce que c’est souvent à ça que ça ressemble. Enfin à notre niveau en tout cas. D’ailleurs, escalader de la cascade de glace s’avère très profitable pour celui qui veut savoir ce que ressent le fou qui scie la branche sur laquelle il est assis.

Alors si comme moi vous avez été sensibilisés très jeunes à la beauté et la délicatesse des stalactites (ceux faits de calcaire et vieux de plusieurs milliers d’années), vous allez essayer d’y aller mollo afin d’épargner les magnifiques sculptures de glace sur lesquelles vous passerez. Vous serez alors fier de constater que vous arrivez à grimper malgré tout. Mais il arrivera une fois où vos pieds se déroberont d’un coup à cause de leur prises trop précaires. Alors, vous chuterez dans un mouvement lent de pendulation. C’est à ce moment précis que vous comprendrez que la glace ne peut pas échapper à son destin : dans votre chute vous entrainerez toutes les petites draperies et autres sculptures fines que vous vous étiez donné tant de mal à préserver. Alors je vous le dis, la méthode bourrin a ses vertus et à partir de maintenant, quand je grimperai de la glace de nouveau, je ne ferai pas de quartier !

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